[PRESSE] Préparer son affectivité au déconfinement

A l’heure où le déconfinement approche, le besoin de contact réels et physiques se fait sentir chez nombre d’entre nous. Le virtuel a pallié assez bien l’absence des proches dans les premières semaines, mais au bout de deux mois, le manque commence à devenir réellement puissant. Retrouvez dans cette chronique mes clés pour vivre ce retour au réel en évitant les deux excès qui pourraient détruire bien des relations !  

PHARE FM : Aujourd’hui Anne-Sixtine, vous souhaitez préparer avec nous le déconfinement ! 

ANNE SIXTINE : Il semble effectivement que nous allons pouvoir enfin retrouver une vie sociale réelle et non plus virtuelle ! C’est une bonne nouvelle pour tout le monde, et un beau défi qui s’annonce dans les prochains jours ! 

PFM : Pour que ce déconfinement se passe bien, quel premier conseil donneriez-vous Anne Sixtine ? 

AS : Dans un premier temps, pour ceux qui ont été confinés en couple ou en famille, l’enjeu va être de ne pas passer du « 24h/24 ensemble » à « 24h/24 séparés ». On pourrait prendre l’image des frontières : le fait d’être obligé de rester avec des personnes peut faire qu’au moment où les frontières sont levées, il y ait un déferlement vers l’extérieur… au point d’oublier ces personnes avec lesquelles nous étions confinées. Passer de tout à rien, d’un excès à un autre, n’est jamais très bon ni constructif. Donc un petit conseil ici : prendre un temps pour discuter des attentes et désirs de chacun pour cet « après-confinement ». 

PFM : Ce serait comme établir de nouvelles règles pour les relations ? 

AS : Je dirais que c’est construire un nouveau cadre pour que personne ne se sente blessé ou abandonné avec le retour à la vie « presque » normale. Ce serait dommage que si le confinement a permis de se rapprocher de certaines personnes, le lien ne perdure pas par le simple fait de retrouver un rythme de vie qui avait été mis entre parenthèses. Ici il y a donc un choix à poser : qu’est-ce que je veux garder ? Comment vais-je prendre soin de ce qui a été construit ? Et si le confinement a été conflictuel, cette conversation pour décider de l’après est tout aussi nécessaire… 

PFM : Nous avons parlé de ceux qui avaient été confinés à plusieurs. Que conseilleriez-vous pour ceux qui ont été confinés seuls ?

AS : Le confinement a été vraiment difficile pour certains, notamment les jeunes. Habitués à avoir pour beaucoup une vie sociale riche, se retrouver seul a pu être source de découverte de soi mais aussi d’angoisses et de manques. Je viens de voir d’ailleurs que l’application de rencontre Tinder a vu un pic négatif au niveau de sa fréquentation. Mais je vous parie tout ce que vous voulez qu’il va y avoir une ruée vers l’appli pour combler ce manque de relations que le confinement a infligé. 

PFM : Comment faire pour gérer ce manque affectif et ce besoin d’être en relation ?

AS : L’enjeu est de bien choisir vers qui diriger cette énergie que l’on sent en soi, c’est-à-dire déterminer vers qui on va aller chercher ce qui nous comblerait, sans risquer de se retrouver dans une situation contraire à ce qu’on veut ! Il s’agit de trouver les bons moyens pour répondre à ce vrai besoin ! On ne parle pas d’utiliser les autres, mais le sens des relations c’est aussi de pouvoir être présent pour ceux qu’on aime… en toute sécurité ! 

PFM : C’est clair qu’ici certains pourraient passer d’ « aucune relation » à « trop de relations » !

AS : Voilà ! C’est l’autre excès qui va se présenter dans les prochains jours.  D’où le fait qu’il y ait une petite vigilance à garder… Le besoin relationnel est particulièrement exacerbé, et comme pour le manque dans l’addiction, le risque de surdose est bien réel ! Mais avant d’être dans la prévention, gardons en tête que ce besoin affectif est profondément naturel et excellent. Nous ne sommes clairement pas faits pour rester dans le virtuel ou la solitude. Voilà ce que l’on comprend véritablement avec le confinement ! C’est une invitation aussi à s’interroger pour savoir ce qu’on veut vivre. Et si je prends le sujet de la sexualité par exemple, qui intéresse beaucoup certains confinés en solo : quel sens auront mes gestes ? Diront-ils mon manque ou mon amour ? Vais-je utiliser l’autre pour moi, ou vais-je être capable de me tourner vers lui vraiment ?

PFM : Un dernier conseil Anne-Sixtine ? 

AS : En attendant le déconfinement complet et le retour à la vie normale, n’hésitez pas à prendre soin de vous-même ! Tout commence à être long, donc la patience, la bonne humeur, la paix sont plus difficiles à trouver que d’habitude !! N’hésitez pas à me contacter via mon site www.libertepouraimer.com si certains sentent qu’ils auraient besoin d’un accompagnement !  

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Chronique Phare FM du 7 mai 2020 - Ecouter l’enregistrement.

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