[CONSEIL RELATION] Le VRAI pardon et le FAUX pardon...
La plupart d’entre nous a déjà vécu une expérience malheureuse où il a été blessé(e) et où il a eu à pardonner pour maintenir une relation avec la personne qui l’avait offensée. L’inverse est aussi largement répandu : nous avons pu blesser quelqu’un qui nous est cher et devoir demander pardon. Obtenir la résolution du problème n’est pas toujours facile et encore plus quand c’est notre conjoint qui est en cause. La relation peut devenir bien complexe et difficile à vivre.
Voilà donc pourquoi j’ai voulu vous parler de ce thème du pardon, sujet complexe à traiter, et pour lequel il est absolument impossible de tout dire. Je vous propose quelques clés pour comprendre ce qu’est le vrai pardon, et tirer de cette réflexion des moyens concrets pour le vivre dans votre couple. En sachant bien que si l’on parle de pardon, c’est qu’il y a eu blessure, manquement, déception, souffrance. La charge émotionnelle est très importante dans tous les cas.
NB : On ne peut décevoir qu’une personne qui nous aime. Et on ne peut être déçu(e) par une personne que si on tient vraiment à elle…
Pardonner, est-ce effacer le passé ?
Une pensée très répandue et très tentante : on oublie, on efface, et on recommence ! Pour celui qui a blessé comme pour le blessé, ce serait génial : pas de culpabilité, ni de souffrance. D’ailleurs, qui a envie de ressasser ses blessures ? Ce serait mieux d’oublier et de repartir à zéro.
Néanmoins, écartez tout de suite cette option de l’oubli ! Il est totalement illusoire de croire qu’effacer le passé serait une bonne solution (d’autant plus que c’est impossible). En effet, si l’on agit comme si on avait oublié qu’on avait été blessé, on nie la réalité : on nie la blessure, on nie le problème. Or comment soigner et guérir quelque chose qui n’a pas existé ? Un cœur dépérit si on ne reconnaît pas vraiment qu’il a été blessé. Et si on laisse dépérir un cœur, on laisse s’ouvrir la porte d’entrée de beaucoup de maux qui viennent pourrir une relation : rancœur, amertume refoulée, silence subtil, mais accusateur… Cette attitude n’est parfois pas consciente. Il vous faut porter une attention particulière lorsqu’un conflit a éclaté entre vous et votre conjoint.
Qu’est-ce que le VRAI pardon ?
Le « vrai » pardon est un don réciproque. J’offre ma demande de pardon si j’ai blessé mon conjoint. C’est un premier don, la première étape. Et mon conjoint a ensuite une tâche à accomplir pour vivre ce pardon : accueillir ma demande, et librement y répondre. On oublie souvent cette réciprocité : sans accueil réel de notre demande de pardon, il n’y a pas de pardon donné. Cet échange est très important parce qu’il est le principe qui permet de relancer la relation. L’accueil empêche le « simple » oubli de la faute qui fait pourrir une relation.
« Je te pardonne » a une signification extrêmement puissante. C’est dire à l’autre « je t’enlève cette blessure que tu m’as faite, et qui pèse sur tes épaules. Je ne te limite pas à ce mal que tu m’as causé ». Il y a un choix à poser pour pardonner, celui de ne pas limiter l’autre à ses actes, surtout lorsqu’il souhaite réparer une erreur qu’il a commise.
La conséquence directe de ce pardon accordé est que l’autre retrouve sa dignité. En effet, faire du mal blesse ma capacité à me donner, me coupe des autres, me sépare d’eux. L’autre souffre et subit, mais moi aussi je suis touché. Le pardon, en m’étant donné, me relève et me libère du mal que j’ai fait.
Celui qui a été blessé est lui aussi libéré en donnant le pardon. Il retrouve sa dignité parce que du mal qui lui a été fait, il choisit de faire un bien pour restaurer la relation. Il se hisse au-delà de ce qu’on lui a fait subir. Il ne se limite alors pas à sa blessure.
Le choix de pardonner est courageux.
Pour que la relation soit revigorée, ce choix doit se faire en étant désintéressé. Qu’est-ce que cela veut dire ? Pardonner de façon désintéressée, c’est reconnaître que l’autre m’a été confié : il fait partie de ma vie alors qu’il aurait pu ne pas l’être. C’est une chance. Même si notre relation n’est pas parfaite, que j’ai fait certains choix, le fait que l’on se rencontre, que l’on s’apprécie et que notre relation s’approfondisse est un cadeau. En gardant cela en tête, on peut alors comprendre que ce qui compte le plus, c’est notre relation, notre union. On se décentre de soi-même, et on se tourne vers l’autre. Le pardon devient alors le seul moyen de réunir deux êtres qui se sont séparés à cause d’un mal : il rétablit l’union des cœurs.
Un « je te pardonne » pour être vrai doit prendre en compte à la fois le fait que mon conjoint est un cadeau dans ma vie que l’on m’a confié, avec ses forces et ses faiblesses, et que nous sommes tous les deux bien plus que le mal et la blessure qui ont pu surgir dans notre relation.
3 étapes pour demander pardon :
Quelques clés pour que le pardon puisse être reçu par l’offensé et qui sont donc obligatoires à prendre en compte si l’on ne veut pas envenimer la situation.
1. Savoir reconnaître où se trouve notre responsabilité.
Si quelque chose a blessé ou mis en colère votre conjoint, cherchez à trouver le moment ou la phrase qui a pu en être la cause. Vous pouviez être parfaitement de bonne volonté, mais votre manière d’agir ou de dire les choses a pu être insuffisante, ne pas prendre en compte telle ou telle circonstance importante pour votre conjoint. Nous sommes tous imparfaits. Savoir chercher où notre imperfection a pu se révéler, et demander pardon pour notre manquement, voilà une première étape nécessaire pour rétablir le dialogue. Votre conjoint verra que vous comprenez qu’il a été blessé et pourquoi. Ainsi vous reconnaissez votre faute.
2. Trouver le bon moment pour parler de ce qui a blessé.
Si l’on sait qu’il ne faut pas « oublier », on aurait tendance à vouloir parler tout de suite du problème, à chercher à consoler l’autre pour passer à autre chose et avancer. Sauf que la blessure que l’on a causée demande que l’on soit délicat(e) : notre conjoint doit « encaisser » ce qui lui est arrivé pour avoir la force de parler avec vous et traiter le problème. Il sait que s’il n’a pas pris un peu de recul sur sa blessure, la discussion qu’il aura avec vous sera un carnage. Laissez-lui le temps nécessaire. Après lui avoir demandé pardon, attendez un peu pour discuter et vous réconcilier.
Ne harcelez pas l’autre pour avoir une discussion. C’est tout sauf efficace, surtout avec les hommes (ils s’enferment dans leur caverne, et vous prennent encore plus pour un potentiel danger).
Mais ne laissez pas non plus l’autre faire la politique de l’autruche. À grosse blessure, pardon et discussion sont nécessaires… Vous pouvez lui glisser au moment de votre demande de pardon que vous êtes disponible pour discuter quand il/elle sera prêt(e). Que c’est important de ne pas laisser sans solution le problème et de VRAIMENT le régler… Plusieurs moments de discussion peuvent être nécessaires pour aller au fond des choses.
3. Laisser l’autre accueillir notre demande de pardon et choisir librement de nous pardonner.
Cette étape ne dépend pas de vous. Si vous avez rempli les deux autres étapes, et que vous avez montré votre regret et votre volonté de réparer le mal que vous avez fait, vous avez rempli votre part de responsabilité. Ou plutôt, si l’on devait en rajouter une dernière, elle serait d’accepter avec patience que l’autre revienne vers vous. Vous aimez une « grande personne », il est important que vous gardiez la confiance et l’espérance que votre conjoint saura agir au mieux pour votre relation et prendre ses responsabilités. S’il prend du temps et que cela finit par vous blesser, essayez délicatement d’exprimer votre besoin de discuter. Mais votre patience sera votre meilleur allié pour retrouver votre conjoint.
Il est évident que plus la blessure est profonde, plus il faut parfois accepter que le temps vienne faire son travail aussi. Celui ou celle qui a blessé peut avoir l’impression alors que le pardon n’a pas été donné. Souvent, il s’agit seulement pour celui qui a été blessé de se remettre, de panser son cœur et de choisir à nouveau d’avancer dans la relation. Un chemin d’humilité pour les deux. Plus on est pardonné parce qu’on a fait du mal, plus on va grandir : soi-même, notre conjoint, et notre relation. Le pardon nous fait avancer sur le chemin d’une relation durable. Il est absolument nécessaire si l’on veut que notre relation se développe.
Le signe qu’un pardon a été mal accompli : la relation se détériore de plus en plus.
Si vous observez que depuis un événement malheureux, difficile, votre relation s’est abîmée, devient compliquée à vivre (intérieurement, c’est l’ébullition pour votre conjoint ou pour vous), ou que la confiance n’est plus là, il devient urgent de trouver un moment pour percer l’abcès qui est en train de se former. Il faut du courage, ce n’est pas une partie de plaisir, mais si vous ne faites rien, votre relation va finir par mourir.
Si vous vous sentez dépassé(e) par la situation et que vous avez déjà essayé de la résoudre, mais sans succès, l’aide d’un tiers(un conseiller conjugal) peut être réellement bénéfique pour gérer le conflit et libérer votre relation de ces maux.
Le signe que le pardon a été bien accompli : la relation s’est approfondie… et votre amour aussi !
Et cela malgré la blessure. Celle-ci a été reconnue, le choix d’avancer et de se libérer de cet événement malheureux a été fait. La joie peut donc revenir. Un conflit, même s’il est douloureux, peut finir par vous faire entrer dans une logique de connaissance de vous-même, de votre conjoint, de votre couple, qui va vous aider à gérer des situations similaires si elles se présentent à nouveau dans votre vie quotidienne. Le conflit comme leçon de vie, intéressant comme perspective, non ?
Un petit conseil : pour réussir à voir que les problèmes peuvent être aussi une occasion de grandir dans son couple (et pas simplement un truc atroce à vivre…), allez écouter mon interview de Nathalie Loevenbruck sur la crise comme une opportunité pour le couple. Cela complètera bien cette notion de pardon et vous donnera quelques perspectives en plus pour avancer au gré des conflits inhérents à la vie de couple !
N’oubliez jamais que nul ne se limite à ses actes. Le vrai pardon vous redonnera la force d’avancer dans votre relation, et la confiance reviendra. Même si vous pensez que cela va être compliqué. Un cœur blessé demande à être réapprivoisé… Le temps, la douceur et la tendresse sont vos meilleurs alliés. Et pour ceux qui croient en Dieu, vous pouvez prier pour que ces nœuds dans votre relation se dénouent et s’apaisent… C’est un bon moyen pour prendre du recul sur une situation difficile parfois.
Publié sur Réussir l'amour...