[PRESSE] La GPA est une forme d'esclavage

Voici la traduction de l'interview accordée au journal italien La Boussole Quotidienne à l'occasion du Family Day à Rome le 30 janvier 2016.

 

Depuis plusieurs mois, mon travail est particulièrement centré sur cette nouvelle forme d'esclavage. Tant qu'elle ne sera pas abolie, je continuerai à me battre pour dénoncer cette pratique ignoble.

J'ai donc choisi d'apporter mon soutien à cette manifestation, en voyant le positionnement contre la Gestation Pour Autrui des organisateurs. Mon ami Emmanuele Di Leo (organisateur) a reçu cette lettre de soutien (lire ici).

L'article d'origine étant en italien (voir ici), je vous publie la traduction. 

 

« La Gestation Pour Autrui ? Esclavage de femmes est son vrai nom. »

Elle s’appelle Anne-Sixtine Pérardel, une jeune femme française dont le métier est d’être « conseillère en vie affective et sexuelle ». A Paris et dans ses alentours, elle donne des conférences, participe à des séminaires, y compris dans les écoles, à tel point qu’elle a participé en novembre au Colloque International organisé par le Vatican sur les nouvelles formes d’esclavage. Par le biais de la Fondation Steadfast Onlus, elle a déclaré son soutien au Family Day le 30 janvier 2016 au Circo Massimo à Rome. Nous l’avons rencontrée pour parler de certains thèmes qu’elle a aussi présentés au Vatican lors du Colloque.

 

Mademoiselle Pérardel, pourquoi la Gestation Pour Autrui est-elle un esclavage moderne ?

« Parce que c’est une pratique d’instrumentalisation de la femme, qui est considérée exclusivement comme une machine pour produire des enfants. Cela peut se comprendre en observant simplement les modalités pour la réaliser : accouchement par césarienne obligatoire sans raison de santé, conditions de vie atroces pendant la grossesse (dans les pays pauvres, les femmes sont souvent parquées pour dormir), séparation de l’enfant et de la mère, même plusieurs jours après la naissance, pour que la mère puisse allaiter l’enfant dans les premiers mois. »

 

L’enfant est arraché à sa mère.

« La négation de la question du lien mère/enfant est cause d’une souffrance particulière, une forme de deuil atypique. La femme doit continuer sa vie sans avoir aucune relation avec cet enfant qu’elle a porté pendant 9 mois, alors même qu’il est en vie. Sur internet, on peut voir des vidéos qui montrent très clairement la souffrance de ces femmes. Il s’agit d’une double violence, pour la femme et pour les enfants, physique et psychique. Il faut vraiment s’opposer à cette pratique avant qu’elle ne rentre dans les mœurs. Pour moi, on peut parler de « prostitution procréative » : une femme est payée pour un service, non pas sexuel, mais procréatif ».

 

Malheureusement nous pouvons dire qu’il s’agit d’une traite qui a déjà son marché propre…

« Oui, de ce point de vue également, l’enfant est traité comme un esclave, dont on dispose entièrement. La maternité de substitution apparaît d’abord comme un marché d’esclaves. Au départ, c’est un contrat qui décide de la vie d’un être humain, et lui donne une valeur allant de 45.000à 100.000$ selon les pays. Et on choisit le plus riche de ceux qui commandent un enfant. Derrière cela, il y a de multiples organisations dont le business est d’utiliser la pauvreté des femmes pour faire du profit. A la fin, la mère porteuse peut percevoir environ 5.000$ en Inde, et jusqu’à 30.000$ aux Etats-Unis. »

 

Lors de vos entretiens, vous parlez souvent de « transhumanisme ». Sommes-nous déjà à l’ère de l’homme augmenté ?

« D’après certaines théories philosophiques, on voudrait arriver à une humanité qui se crée par elle-même : plus parfaite, plus efficace, peut-être même immortelle. Ce ne serait pas seulement trans-humain, mais post-humain. Les sciences et la médecine sont les gourous, la technologie est leur moyen. Je peux ainsi me modifier moi-même, selon mes désirs du moment. Le vrai Salut serait ce bien-être présumé qui vient du respect de vos propres désirs (fondement exclusif de la liberté). Le risque est que si on continue sur cette voie, ce sera au plus fort d’établir des critères de perfection (et les désirs à avoir) par lesquels permettre les « progrès » de l’humanité. Peut-être que les riches vont évoluer vers le post-humain, mais les pauvres ? Eh bien, ils pourraient finir comme un simple matériel utile. L’horizon n’est pas si loin, et l’on peut penser au clonage, à la production d’humains génétiquement modifiés, à la location d’utérus… »

 

Et quelle serait la cause d’une telle situation ?

« Une avant toutes : la perte du sens de ce qu’est un homme. L’homme est voulu comme une masse indéterminée qui n’existe que pour s’auto-construire. Mais c’est nier la réalité ! Je crois que nous devons nous engager pour reconnaître le sens de la limite, de la finitude. Je ne peux pas faire n’importe quoi de mon corps, il y a des choses qui me font du mal et qui m’attaquent dans ma dignité. C’est une unité de la personne à récupérer. C’est une fragilité à assumer. »

 

Des événements comme la Manif Pour Tous française et le Family Day italien peuvent-ils contribuer à sensibiliser les gens, être un moyen pour se montrer une fois de plus ?

« C’est très important pour faire connaître aux gouvernements la pensée du peuple, parce que malheureusement il y a trop de distance entre les personnes et leur gouvernement. Montrer l’unité pour certaines causes a un impact réel. Je suis très heureuse qu’en Italie, à Rome, on organise un événement comme le Family Day, et je sais que beaucoup en France suivent cette journée avec intérêt. Il est certain que le combat n’est pas terminé avec ces manifestations, mais elles peuvent aider à sensibiliser. Je crois que le plus important est de s’investir dans l’éducation et dans les médias, la communication, sans avoir peur d’occuper les espaces publics. Penser à long terme, sans oublier le présent. »

 

par Lorenzo Bertocchi

 

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